vendredi 17 mars 2017

À nous la rue contre la brutalité policière



Tract produit par la Ligue de la jeunesse communiste à l'occasion de la 21e Journée internationale contre la brutalité policière du 15 mars dernier.

La manifestation, qui a mobilisé quelques centaines de militants, s'est conclue, malgré quelques échauffourées avec la police, sans arrestations pour une deuxième année consécutive. Il ne fait aucun doute que cette approche plus «soft» de la part du SPVM doit beaucoup aux pressions populaires contre les pratiques douteuses de la police de Montréal. Les récentes révélations, qui ont placé le SPVM sur la sellette pour ses pratiques douteuses et peu transparantes, ont également contribué à ce que les forces de l'ordre se tiennent à carreau.



Affaire Théo en France, organisation de milices pour attraper les migrants en Hongrie et aux États-Unis, arrestation de milliers de militants progressistes en Turquie à la suite du contre-coup de juillet 2016, prisonniers et assassinats politiques - dont Milagro Sala et Berta Cáceres - en Amérique latine comme lors de l'âge d'or des dictatures fascistes, la question de la brutalité policière n'est pas que montréalaise. Dans tous les pays capitalistes, à mesure que la crise économique s'accentue, que le peuple, la jeunesse et les travailleurs-euses tentent de se délier du collier de misère auquel ils se retrouvent rivés, adopter une ligne dure contre les manifestant-e-s, viser en priorité les personnes racisées et refuser de prendre au sérieux les femmes victimes de harcèlement sexuel, en particulier lorsqu'elles sont issues de communautés autochtones, est une aubaine pour le 1 %, la classe capitaliste qui tient le haut du pavé et tente de nous réduire à une masse amorphe et atone, une sorte de pâte d'argile qu'elle serait en mesure de modeler à sa guise.

À Montréal, la Ville n'a pas cru bon abroger le règlement P-6 malgré son inconstitutionnalité, ce qui lui permet de l'invoquer pour des fins d'intimidation. Nombreux sont ceux et celles qui, encore aujourd'hui, sont confrontés à des poursuites en lien avec ce règlement liberticide. Le SPVM, dont les pratiques ont été maintes fois décriées par la Ligue des droits et libertés, Amnesty International et le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU, fait maintenant l'objet d'une enquête interne après que deux policiers ont révélé que le service a fabriqué des preuves, ce dont le Maire Coderre est courant depuis 2014 et refuse d'en assumer la responsabilité, lui qui a promptement réitéré sa solidarité envers Philippe Pichet, chef du SPVM. Il a d'ailleurs fallu faire des pieds et des mains pour que l'enquête auprès du SPVM ne soit pas seulement la responsabilité de la Sureté du Québec (que ce ne soit pas la police qui enquête sur la police) et que le Bureau des enquêtes indépendantes en coordonne une partie, une disposition pourtant de mise dans ce genre de dossier.

Parmi ces pratiques scandaleuses, la mise sous écoute d'un journaliste, Patrick Lagacé, a fait couler beaucoup d'encre à travers le monde cet automne. Si celle-ci a été d'emblée décriée, il reste que les techniques utilisées par la Police de Montréal ont été maintes fois utilisées d'abord et avant tout pour cibler les militant-e-s progressistes.

Quant à la question de laisser la SQ enquêter sur le SPVM, nous savons également que le corps policier provincial n'est en rien plus intègre que la police municipale, en particulier après les révélations au sujet des femmes autochtones victimes d'abus de pouvoir de la part d'agents de la SQ à Val d'Or et ailleurs en région.

Police patronale, colonialiste, raciste et sexiste

En ce mois de mars, initié par la Journée internationale des femmes la semaine dernière, et quelques jours avant le 21 mars, Journée internationale contre le racisme, il importe de souligner le caractère essentiellement sexiste et raciste de la brutalité policière.

Une étude récemment publiée dans le Globe and Mail fait état de plus 10 000 cas de harcèlement sexuel à l'égard de femmes originaires d'environ 10 000 villes et villages au Canada traités par 32 corps policiers. De ces plaintes, environ 20 % est immédiatement rejeté par les enquêteurs et considéré comme non-fondé. À titre comparatif, la moyenne internationale se situe entre 2 et 8 %. Cette statistique est d'ailleurs inégale à l'échelle du pays : par exemple, à St-John et Fredericton (Nouveau-Brunswick), on estime que 16 % des plaintes pour harcèlement sexuel sont déclarées comme non-fondées. En 2009 par exemple, 472 000 cas de harcèlement sexuel ont été compilés par Statistiques Canada, mais les forces de l'ordre n'en ont répertorié que 21 000 parmi lesquels seuls 7951 ont fait l'objet de suites judiciaires.

Les pratiques racistes des forces de police du Québec et du Canada ne sont pas en reste : avec l'assassinat d'Andrew Loku, un homme de 45 ans originaire du Soudan du Sud, à Toronto l'an dernier, et après que les forces de police de Toronto ont déclaré que les agents responsables de sa mort n'ont pas erré quant à la force employée, un vaste mouvement de solidarité rejetant entre autres le racisme au sein des forces de police partout au Canada s'est organisé. Cette histoire ressemble d'ailleurs à celle de Freddy Villanueva, survenue il y a près de dix ans à Montréal-Nord, mais dont les stigmates sont toujours apparentes si l'on s'en tient aux témoignages de jeunes de ce quartier victimes de profilage racial.

La brutalité et les bévues des forces de police ne sont en rien un phénomène nouveau. Depuis l'existence de l'État centralisé, soit depuis l'hégémonie de la bourgeoisie, le rôle de la maréchaussée a toujours été de défendre les intérêts de la classe dirigeante. Jeunes communistes, nous nous solidarisons avec tous ceux et celles qui luttent contre la limitation du droit au rassemblement, à la démocratie, au droit de grève et qui dénoncent le racisme, colonialisme et sexisme systémique au sein des forces de l'ordre. Pour nous, une attaque contre un est une attaque contre tous !

Il ne fait aucun doute que la police répond d'un système politique et économique basé sur le racisme, le sexisme, l'homophobie, l'impérialisme et le colonialisme ; d'un système basé sur l'exploitation de la majorité par la minorité, du 99 % par le 1 %. C'est essentiellement pour garantir le bon fonctionnement de ce système, le capitalisme, que la police a été investie de sa mission. Du peuple, elle ne répond que très peu: sa réelle responsabilité se résume à la défense de la propriété privée.

Ainsi, autant nous nous attaquons à l'aile armée du capitalisme, autant il nous est important de mobiliser le plus massivement possible afin d'en finir avec ce système putride et de renverser la vapeur afin de forcer les grandes entreprises à céder leur pouvoir à la majorité, à la jeunesse et aux masses populaires. Cette rupture avec le capitalisme ne s'opèrera pas d'elle-même. La fuite en avant du capitalisme en crise le rend encore plus agressif et violent.

L'élection de Trump et la montée de l'extrême-droite en Europe aidant, les idées fascisantes font leur chemin chez les dirigeants du Québec et du Canada. Il ne fait aucun doute qu'en corollaire, les forces de police se sentiront plus libres d'interpréter les textes de loi à leur façon. On voit déjà poindre les dangers d'une police plus autoritaire, plus armée et sans cesse plus militarisée.

Pour contrer cette tendance, il nous faut plus que jamais s'unir et renverser la vapeur. L'an dernier, et cette année, la manifestation contre la brutalité policière, au cours de laquelle aucune arrestation n'a été recensée, marque un point positif quant à la possibilité d'unir ceux et celles qui luttent contre la brutalité policière que pour le salaire minimum à 15$ l'heure, contre le sexisme et le racisme ou encore contre le libre-échange et l'impérialisme. 

S'unir contre le capitalisme est un impératif de notre temps. Le pouvoir des grandes compagnies et des banques, leur hégémonie, ne connait aucune limite si nous leur laissons quartier libre. Il n'appartient qu'à nous d'être à la hauteur de nos ambitions et bâtir un monde meilleur, exempt de crises économiques, d'exploitation et de guerres, un monde où la présence policière ne pourra que réduire. Ce monde n'est ni utopique ni atopique: c'est le socialisme-communisme. Par notre unité et notre combativité, nous pouvons y parvenir et nous y parviendrons, car la riposte n'appartient pas qu'à une frange avancée de la jeunesse et des travailleurs-euses, mais bien à l'ensemble des masses populaires, à tous ceux et celles qui luttent contre la casse des services publics, pour la paix, pour l'éducation gratuite, pour des logements sociaux, pour la pleine égalité hommes-femmes, contre le racisme et le fascisme, contre la montée de toute mouvance d'extrême droite, contre la brutalité policière; en bref, contre tous les «dommages colatéraux» du capitalisme. 

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