mardi 6 décembre 2016

Que faire après Standing Rock?

Après un combat digne de «Florantin, celui qui a chanté avec le diable», une odeur de souffre se fait sentir sur les pleines du Dakota. Victoire pour les défenseurs de l'eau, victoire pour les Sioux qui vengent aujourd'hui Wounded Knee, victoire pour les Premières Nations d'Amérique, mais aussi victoire pour tous les progressistes du continent qui sont en lutte contre la cupidité des compagnies, des magnats du pétrole et des monopoles qui s'affairent à la destruction de notre environnement. Victoire donc pour le « 99%»! 
Depuis des mois, des milliers de militants occupent les terres que devaient traverser l'oléoduc projeté d'Energy Transfer Partners dont le but est de transporter le pétrole extrait dans le Dakota du Nord (à quelques encablures de la frontière canadienne) pour l'acheminer vers l'Illinois. Les militants écologistes et les Premières nations ont clairement indiqué que le tracé initialement prévu menace des sources d'eau potable ainsi que des sites culturels. Devant la sourde oreille des autorités, ils se sont mobilisés et ont occupé un site situé sur la route de l'oléoduc. Les autorités états-uniennes n'ont pas hésité à employer la force pour tenter de les déloger en employant des méthodes parfois digne des plus viles dictatures, notamment le recours aux canons à eau. 
La persécution a également fait partie des méthodes employées, les officiers de police s'étant attaqués aux manifestants qui auraient manifesté leur appui à Standing Rock à travers les réseaux sociaux. 
Le mouvement, d'une ampleur remarquable, a gagné un appui considérable. De la société civile états-unienne aux vétérans en passant par les diplômés de l'École latino-américaine de médecine, une des plus grandes universités de médecine à travers le monde située à La Havane, nombreux sont ceux qui ont prêté main forte au mouvement sur place. La solidarité avec Standing Rock s'est également manifestée à au-delà des frontières états-uniennes. 
La victoire à Standing Rock ne saurait être une fin, mais un début. Les militants ont clairement gagné une bataille considérable avec le refus du corps des ingénieurs de l'Armée états-unienne de donner sa servitude au tracé de l'oléoduc controversé, mais beaucoup reste à faire. Encore aujourd'hui, sur le site d'occupation, certains militants ne baissent pas la garde «au cas où». L'armée a néanmoins fait savoir qu'elle ne les délogerait pas par la force. Nous sommes en mesure de croire, après tout, que cette lutte a permis de porter à un autre niveau les revendications écologistes non seulement grâce à la victoire obtenue, mais aussi parce que celles-ci ont été, tout au long du combat, liées aux revendications des peuples autochtones des Amériques qui ne demandent qu'à être reconnus comme nations et que leurs droits soient reconnus. 
Standing Rock a peut-être gagné une bataille, mais la guerre contre les multinationales pétrolières et contre les politiques génocidaires à l'égard des peuples autochtones n'est pas achevée. Beaucoup reste à faire aux États-Unis, mais beaucoup reste à faire au Canada également.
En soirée du 29 novembre, Trudeau a effectivement donné son feu vert à deux des trois projets d'oléoduc qui ont soulevé la contreverse dans l'Ouest et provoqué l'ire des mouvements sociaux, syndicaux, progressistes, environnementalistes et autochtones partout au Canada.
Des trois projets, évalués selon des critères environnementaux définis par le gouvernement conservateurs, seul Northern Gateway d'Enbridge a été rejeté – une maigre victoire devant le . Le gouvernement fédéral a donc donné son accord pour accroitre la capacité de l'oléoduc Trans-Mountain de Kinder Morgan, un projet de 6,8 milliards de dollars, ainsi que pour la Ligne 3 d'Enbridge, un projet de 7,5 milliards de dollars.
Probablement le plus décrié, le projet de Kinder Morgan projette d'acheminer trois fois plus de pétrole issu des sables bitumineux vers le port de Vancouver où, de 5 pétroliers s'y approvisionnant présentement par mois, ce chiffre passera à 34.
Par cet affront à la mobilisation, Trudeau a clairement révélé ses vraies priorités. Lorsqu'il estime que ces deux projets sont «d'intérêt national», il parle clairement au nom des pétrolières qui génèrent des milliards de profits et non des peuples qui en sont victimes, en premier lieu, les peuples autochtones. La «lune de miel» orchestrée à la suite de son élection en 2015 est terminée. 
Des militants écologistes montréalais mobilisés contre les oléoducs
 En plus de s'être attaqué au mouvement environnementaliste, le gouvernement Trudeau a poignardé à dos tourné les Premières nations à qui il avait promis des relations «de nation à nation». Or, contrairement à ce que prétendent les Libéraux, aucun de ces projets n'a reçu l'aval des Premières nations dont l'opposition manifeste s'est concrétisée, le 22 septembre dernier, par un traité de solidarité entre certaines nations autochtones et leurs représentants, incluant l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. En vertu de ce traité, toute attaque contre une nation signataire impliquerait l'appui de toutes les autres nations signataires. 
Jeunes communistes, nous demandons que soit reconnu le droit à l'auto-détermination des Premières Nations, Inuit et Métis et accueillons favorablement la signature d'un traité de solidarité qui permettra de faire valoir les droits ancestraux et territoriaux des peuples autochtones. 
Nous saluons les propos du Grand Chef de la Colombie Britannique, Stewart Philip qui a affirmé que «la lutte se transportera maintenant sur la scène politique, mais elle se poursuivra». Nous appelons à la mobilisation contre les projets d'oléoduc dans l'Ouest, mais aussi contre le projet d'Énergie Est au Québec. Nous exprimons notre solidarité sans faille avec les Premières Nations qui constituent les premières victimes de l'exploitation des sables bitumineux tant au Canada qu'au Québec et ailleurs sur Notre Amérique.
Nous exigeons que soit imposé un moratoire sur l'exploitation de cette source d'énergie – probablement une des plus polluantes qui soit - et la reconversion de tous les emplois générés par cette industrie vers des emplois plus durables et aux mêmes conditions. 
L'argent est là : les milliards investis pour approvisionner des marchés étrangers en pétrole pourrait être réinvesti dans la recherche et l'exploitation de sources d'énergie renouvelable. Le Canada est un pays riche à l'économie diversifiée et pourrait ainsi se positionner à l'avant-garde de la lutte contre les changements climatiques. Pourtant, malgré ses déclarations lors de la COP 21, Justin Trudeau tente, sans surprise, de ménager la chèvre et le chou en essayant de contenter les magnats du pétrole et ses électeurs. Selon ses propres propos, «il est impossible de faire l'unanimité». Nos intérêts ne sont en rien compatibles avec ceux des parasites et exploiteurs qui sont à l'origine de la crise capitaliste et environnementale qui nous affecte tous.
M. Trudeau a choisi son camp, celui des multinationales et des pétrolières. À nous maintenant de choisir le nôtre.


CHANGEONS LE SYSTÈME, PAS LE CLIMAT !

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